Hubert n'aime pas sa mère. Du haut de ses 17 ans, il la juge avec mépris, ne voit que ses fringues ringardes, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Au-delà des irritantes surfaces, il y a aussi la manipulation et la culpabilisation, mécanismes chers à sa génitrice. Confus par cette relation chaotique qui l'obsède, Hubert se cherche dans les méandres d'une adolescence à la fois marginale et typique : découvertes artistiques, amitié, ostracisme, sexe - rongé par la hargne qu'il éprouve à l'égard d'une femme qu'il aimait pourtant jadis. Elle même ne sait pas absolument pas comment s'y prendre avec son fils. Le premier film de Xavier Dolan, Québécois de 20 ans à peine et sensation du dernier festival de Cannes, fait l'effet d'un coup de poing, tant au niveau de la forme (des scènes superbement dialoguées, des références pop et cinématographique) que celui du contenu (une relation amour-haine analysée et disséquée jusqu'à l'épuisement). Et le film est merveilleusement servi par l'interprétation de ses acteurs, Anne Dorval (« Le Cœur a ses raisons ») et Xavier Dolan en tête.