Dans ce premier film, Paul B. Preciado s’illustre en retenue et légèreté, laissant se déployer, circuler et se réincarner le texte de Virginia Woolf publié en 1928, d’une modernité et d’une splendeur sidérantes. Représenté par une vingtaine de personnes transgenres et non binaires de 8 à 70 ans, portant collerette, Orlando, dont le devenir se confond avec celui de l’auteur, est autant de diffractions de l’être, et ce n’est pas la moindre des inventions dont le film, assemblage punk et camp d’une poésie affolante, foisonne. On y voit des légendes du Paris queer – Jenny Bel’Air, Pierre et Gilles... – tandis que la juge Despentes, officiant dans un monde post-patriarcal, délivre des passeports aux Orlandos infiniment déclinés et reconnus selon leur volonté. Acclamée à la Berlinale, cette première oeuvre filmique est non seulement créative, mais aussi pleine d’humour et d’esprit, profondément humaine et stimulante !