Pour sa 13ème édition, du 6 au 15 novembre 2014, Pink Screens se tourne vers la réalité de l’Italie d’aujourd’hui pas vraiment « Dolce Vita ». Nous suivrons le parcours plein d’embûches d’un jeune androgyne marginalisé dans le très trouble Piu buio di mezzanote de Sebastiano Riso et celui de la truculente Beatrice, mécanicienne trans dans Fuoristrada. Côté invités, Vincent Dieutre nous présentera son film sous influence pasolinienne Orlando Ferito et Fabio Mollo Il sud è Niente, le beau portrait de Grazia à la recherche de son frère et de sa propre identité. Et qui sait, Asia Argento fera peut-être le déplacement pour nous présenter son nouvel opus Incompresa.

Outre ce point de vue sur l’Italie contemporaine, le festival propose en ouverture de découvrir Alfred Molina et John Lithgow campant un couple de « jeunes » mariés plein d’humour et de ténacité dans Love is Strange de Ira Sachs (« Keep the Lights on », Pink Screens 2012) et le magnifique 52 Tuesdays, acclamé dans les plus grands festivals internationaux, mettant en scène une ado, Billie, dont la vie est perturbée par la transition qu’a décidé d’entamer sa mère. Et cerise sur le gâteau, l’icône queer Annie Sprinkle viendra nous parler d’écosexualité avec Beth Stephens, lors d’une soirée très « nature » aux Bozar !

Cette année encore, vous en aurez plein les yeux et les oreilles avec près de 80 courts et longs métrages venant des quatre coins du monde (des films expérimentaux, des documentaires et des fictions surprenantes) mais aussi des débats, des rencontres, des expos et des performances.

En clôture, nous célébrerons ces 10 jours de cinema, d’exploration des genres et des sexualités, avec l’immanquable Pink Night précédée de l’hilarante comédie de Madeleine Olnek The Foxy Merkins ainsi que l’émouvante histoire d’un jeune garçon aveugle tombant amoureux de son camarade de classe dans le film de Daniel Ribeiro Hoje eu quero voltar sozinho.

Focus - Jeune cinéma italien

Ça y est ! Le cinéma italien se réveille enfin de la longue crise berlusconienne dans laquelle il était plongé. De cette renaissance nous arrive une série de films qui bousculent genres et sexualités avec insolence et détermination. Qu’ils soient politiques, en prise avec les maux de la société italienne comme la mafia dans Il Sud è Niente et l’atmosphère raciste de certaines régions du nord dans Piccola Patria ou intimistes dans deux superbes récits sur des adolescents livrés à eux-mêmes : Incompresa d’Asia Argento, et Piu Buio di Mezzanote, les films présentés aux Pink Screens tirent le portrait d’une Italie qui cherche à se réinventer loin des clichés habituels et de la sacro-sainte famille. Tout comme le rappelle Vincent Dieutre, dans Orlando Ferito, son superbe film hommage à l’héritage de Pier Paolo Pasolini : « Je sais qu’il se joue en Italie quelque chose du destin de l’Europe. Mais quoi ? »

A l’occasion de ce focus, Pink Screens s’associe avec le Sicilia Queer Filmfest qui en est à sa cinquième édition et s’efforce encore et toujours de traiter les thématiques touchant au genre et aux sexualités différentes grâce à des films mêlant intelligence, intimisme et recherche esthétique. Sa directrice, Tatiana Lo Locono nous confie : Je trouve dans les 2 festivals des choix de programmation semblables avec entre autres Orlando Ferito de Vincent Dieutre (France, 2013) ou Piu Buio di Mezzanote de Sebastiano Riso (Italie, 2014). Ces deux films mettent en avant tout ce que la Sicile réussit à inspirer aux réalisateurs, insulaires ou non, qui la dépeignent telle qu’elle est : durement touchée par la crise économique, sociale et morale, mais ayant toujours la rabbia, comme disait Pasolini, la rage de s’en sortir.

Welcome Pinkscreeners !

L’équipe de Genres d’à côté
PINK SCREENS #13
Queer Film Festival
6-15/11/2014
Bruxelles, Belgique